jeudi 5 août 2010

Ein, zwei, drei, polizei.

Je n’en peux plus. On m’avait dit que la chanson, c’était peinard, cool, féminin… Tu parles. C’est pire que le hip-hop oui. Ca fait deux fois que nous avons des problèmes avec la police. La première fois c’était en hiver, alors que l’on tournait le clip de Tu penses quoi ? près des Champs Elysées. Apparemment, on n’avait pas le droit de se balader en petite culotte et gilet jaune dans la rue. C’était pour la bonne cause pourtant, mais le flic n’avait rien voulu savoir. Il nous avait embarquées elles et moi, à moitié à poil au commissariat. Cause du délit : exhibitionnisme. On devait vraiment être impressionnantes en dérangeuses d’ordre public, puisque pour nous y conduire, il avait grillé tous les feux, déclenché son gyrophare et sa sirène à fond. Tout ça pour s’entendre demander d’un air goguenard à l’arrivée dans le 17ème: «c’est vous l’affaire du 8?». Ben oui, c’est nous. Déçu ? Apparemment oui. Après quelques minutes l’officier s’était excusé au nom de son collègue et nous avait proposé de chanter notre chanson devant les flics de l’accueil. Avec une robe hippie en plein mois de décembre, Marine me faisait bien marrer. Je me suis dit que c’était un départ sur les chapeaux de roue mais que ça pouvait arriver.

Et voilà que, sept mois plus tard, après un petit concert acoustique de deux heures avec son (presque) célèbre correspondant musicien Luis Cozen, elle nous refait le même coup. Enfin, pas exactement. Disons qu’elle ne s’est pas déshabillée (quoi que la robe était un peu courte pour mon côté puritain) mais qu’elle a chanté pour des petites mamies dans la rue. Be kind, rewind. Ok, je reprends depuis le début.

Dans l’avion Paris-Berlin, une femme d’un certain âge, bien en chair, s’approche de nous. D’un air réjoui, elle lance à Marine : «formidable, j’avais demandé à avoir une voisine mince». Formidable, nous on n’avait pas pensé à préciser qu’une femme un peu forte serait idéal pour partager notre siège… La femme en question s’appelle Odette. Elle parle, parle, parle. A en clouer le beignet à Marine qui n’a d’ordinaire pas sa langue dans sa poche. Elle voyage avec sa copine Michèle et tout le club du 3ème âge du 18ème. Malgré le fait que l’on doive leur sacrifier notre sieste, il faut avouer qu'elles sont sympa. Attachantes. En me rangeant dans la case au dessus de leurs têtes, Marine est bien obligée de leur parler de moi. Elle leur dit que nous allons faire un concert dimanche soir dand le quartier de Kreuzberg, leur note l’adresse, n’est pas sûre de l’heure. Surement 20h ou 21h. Elles disent que peut-être, si elles peuvent s’évader de leur programme à la rigueur presque militaire, elles passeront. Elles nous souhaitent bonne chance. Une bise (chacune) et hop, on s’éclipse.
Direction Berlin, la ville, la vraie. Pleine de béton, sous la pluie. Mais la pluie tombe bien ici. Elle donne envie de s’enfoncer dans les bars, les caves, les endroits secrets dans lesquels nous conduisent nos amis. Des bars aux allures de DDR avec des placards portes secrètes, des boîtes électro dans d’anciens entrepôts… On répète pas mal, deux jours, avec notre hôte berlinois, préparons quelques duos avec lui. Et le jour J, à l’heure H (19)… dans ce petit café-concert français… personne.

Oups. Allez, une mauresque pour se consoler. Marine me pose dans un coin. Je prie pour qu’elle me reprenne en main. Ne me dites pas que nous sommes venues jusque là pour boire un Ricard ? Je me morfonds tandis qu’elle s’alcoolise. Soudain, comme par magie, le bar s’emplit, s’emplit, s’emplit… J’en ai les cordes qui frisent d’excitation. Nous allons jouer ! A peine le temps de se le dire que nous commençons déjà. Deux heures à trois (avec Lui) alternant nos compositions respectives. Le public est attentif, réactif, j’adore. J’en oublie même parfois mes petites notes. Mea culpa, ce sont mes premières fois.
Nous terminons vers 21h30. Je m’octroie une petite sieste dans ma housse… petite… très petite. Puisque Marine se pointe à peine dix minutes plus tard. Les mamies de l’avion ont traversé tout Berlin pour nous écouter. Et elles sont du coup arrivées trop tard. Il faut dire qu’à l’époque nous ignorions notre heure de passage et n’avons pas pu les prévenir.
Marine décide alors de leur faire un morceau spécial, dehors, devant le bar.

Nous commençons sous les yeux ébahis de nos grand-mères aventurières quand un bruit proche de celui du nouvellement célèbre Vuvuzela retentit. C’est fort, répétitif (insupportable est un euphémisme). Les têtes se lèvent. De son balcon, le voisin, en mauvais termes avec le bar, veut pourrir notre improvisation. Lorsque Marine le comprend, elle lui adresse une supplique en allemand, expliquant que c’est sa première fois à Berlin (elle mens, mais bon, puisque c'est le titre de la chanson en cause, admettons), que cela va durer 5 minutes et que c’est pour la bonne cause. Elle termine par un «ich liebe dich» un peu exagéré, mais tellement elle.
L’instrumentiste fou se tait. Nous terminons le morceau. Les grand-mères emballées applaudissent chaleureusement. Nous rentrons dans le bar pour enfin nous accorder une pause bien méritée quand deux policiers se pointent… Le voisin fou et fourbe les avait déjà appelés. 22h05, le couvre-feu était dépassé depuis au moins... une chanson. Ne l’emmenez pas, ne l’emmenez pas, par pitié ou je vais supplier Joe Star de m’adopter, sûre que même sa Benz benz benz m'offrirait un environnement plus tranquille.

Marine sourit, parle un allemand so franzözich qu’ils lui sourient en retour. Elle a compris l’art d’être une fille c’est sûr. Allez, ich liebe dich, et à la revoyure amis poulets.

Le clip qui nous a (presque) conduites en prison (je viens du suuuud).


Et une vidéo d'un duo avec Luis Cozen, notre super ami berlinois (http://www.myspace.com/luiscozen)

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