mardi 9 novembre 2010

Revanche underground


Vous le savez (pour ceux qui suivent mes posts depuis juillet = la majorité d’entre vous, public fidèle et ô combien aimé), Marine m’a déjà traînée dans le métro pour pousser la chansonnette. Nous avions alors subi un remake de Marche à l’ombre avec un collègue musicien nous expliquant que nos talons et petites chansons étaient bien gentils mais qu’ils nuisaient à son chiffre d’affaire (parce que jouer dans le métro avec LA carte officielle est un business lucratif, comparé au salaire minimum bolivien, disait-il). D’un commun accord - surtout de ma part, ayant bien noté le sort réservé à la guitare dans ledit film – nous avions donc déguerpi, le manche bas.

Et là, coup du sort… Cindy Godard, la bientôt célèbre créatrice de la marque de vêtements Dentelle & Macarons, nous offre une revanche. Elle organise une expo multi-arts dans une galerie éphémère, ouverte pour l’occasion par la RATP. Pour nous y rendre, il faut simuler une entrée dans le métro Palais royal et bifurquer juste avant les tourniquets vers un long couloir illuminé, ouvert à chaque extrémité sur le fascinant spectacle du va-et-vient des usagers. De part et d’autres de ce tunnel chic, des vitrines décorées de tableaux, photos, fringues, et animées par de jolies jeunes femmes suggérant de s’approprier quelques pièces. Blackout c’est le nom. Et jusqu’ici c’est plutôt sexy.

Marine et moi jouons à 17h. Un concert-goûter donc. Aussi peu rock n’roll que cela puisse paraître, sa veste en cuir et ma désormais célèbre sangle léopard ont suffisamment donné le change pour presque le faire oublier.
Nous nous produisons au bout du couloir. L’ingé son propose de faire tomber un rideau de fer derrière nous pour limiter les bruits du métro. Que nenni, nous voyons enfin notre revanche pointer son nez. Personne ne pourra nous déloger ici. Et que de chemin parcouru depuis nos premiers pas, station Odéon... La technique est du dernier cri : un tabouret de bar emprunté… au bar d’à côté, un pied de micro et micro (parce que l’un sans l’autre…) et des enceintes laissant échapper juste ce qu’il faut de larsen pour que l’ambiance underground soit respectée. Bref, nous exultons. Le public devant nous, attentif sur ses bancs d’écoliers, peut profiter de l’écran vivant dans notre dos, tandis que nous apprenons à jouer recto-verso.

Nous tentons de nouveaux morceaux, frais du matin comme des petits pains. Et des vieux aussi, parce que dans ce palais (royal) il n’y a d’autre règle que de faire ce qu’il nous plaît. Un couronnement pour nous, presque sorties du trou.

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