mercredi 21 septembre 2011

Un domingo pas comme les autres - acte II


Le 9 aout dernier, à 23h18, Marine accourut vers moi (elle m’avait prêtée à un charmant joueur de guitare sur une plage. C’était l’été donc - comme souvent au mois d’août) pour m’annoncer que nous étions les invitées d’honneur d’un festival de guitare à Chinon. Jusque là, je ne réagis pas (sans vouloir être désagréable, Marine n’est pas tout à fait ce que l’on peut appeler une guitare héroïne). Mais lorsqu’elle précisa qui nous invitait, mes cordes ne firent qu’un tour : Michel. De Michel et Domingo. Rappelez-vous, ce joli conte de noël où un Domingo généreux et éméché avait offert sa guitare à un Michel très doué tandis que Marine et moi improvisions un concert au milieu de la nuit. Nous ne les connaissions pas, ils ne s’étaient jamais rencontrés non plus, mais ce soir là, entre quelques accords de vins et de guitares, une alchimie s’était produite.
Michel était reparti, un peu intimidé, avec sa nouvelle guitare de luthier.
Domingo n’avait pas regretté son geste au réveil, confirmant le lendemain que les instruments doivent appartenir à ceux qui les honorent (ça marche avec les femmes aussi ?).

Erratum : l'article écrit que Marine a offert sa guitare à Michel.
Rendons à Domingo le joli geste qui est le sien...
Depuis cet épisode, plus de nouvelles. Jusqu’à ce SMS de Michel donc, nous expliquant que depuis neuf mois, il s’est beaucoup remis à jouer et que notre rencontre lui a donné envie d’en provoquer d’autres. Avec l’aide de quelques amis, il a recruté une vingtaine de bénévoles, a mis en place des partenariats avec des bars, des salles de concert… Pour créer le premier festival de guitare de Touraine. 25 groupes programmés dans toute la ville (entre autres Raphaël Fays - http://www.myspace.com/raphaelfays, la belle Emma en duo http://www.myspace.com/emmaenduo85, ou encore les très rockabilly Las Vargas http://www.myspace.com/lasvargaslive) avec comme dénominateur commun l’amour de la guitare. Le paradis pour moi… Je me voyais déjà au milieu d’une sorte de club de rencontre géant. De jolies cordes à tous les coins de rue… (j’ai donc pour l’occasion ressorti ma sangle léopard des grands soirs).

Dimanche 18 septembre : jour J. 
Nous arrivons - à la bourre comme de coutume - sous un ciel mi figue mi raisin. Michel nous attend sur la place principale pour nous conduire à notre espace de jeu. A notre grande surprise, tout est déjà prêt, ne reste plus qu’à me brancher sur l’ampli… Claire et Yuri, deux charmants bénévoles veillent à ce que tout se déroule au poil. Ces deux là sont aux petits soins pour nous. Une bière pour Marine, un jack pour moi (pas Daniels hein, je suis sobre bois), il ne nous en faut pas plus pour être au mieux de notre forme. Nous entamons les balances … pour les interrompre brusquement à cause de l’arrivée en trombe du susnommé Domingo. Il s’approche de la scène sur un scooter électrique flambant neuf, freine en nous apercevant, sourit, lève la main pour nous saluer… et tombe sur le coté, imité par sa monture (qui s’écrase sur lui donc). Le tout se déroule au ralenti, de sorte que le choc ne semble heureusement pas violent. En moins de dix secondes, avec l’aide de quelques hommes, il se relève, en pleine forme. Entrée en scène à la hauteur de la réputation du personnage donc… 

Il trinque avec Marine pour se remettre de ses émotions, juste avant qu’elle ne se perche sur son tabouret et me pose sur ses genoux. Je suis fin prête, et toute excitée à l’idée de jouer sur cette jolie place. 

On commence. Une demie chanson et... un son d’accordéon résonne derrière nous.  
Je me retourne : un musicien nous a rejoint sur scène et improvise sur nos grilles (sans jamais avoir entendu le moindre de nos morceaux auparavant).
Marine sourit. C’est une surprise.
Le jeune homme s’appelle Jean-Baptiste. Il se présente pour que nous puissions le faire pour lui. Le public est enthousiaste, l’expérience, inédite. Une heure de concert sans un nuage. A tous les niveaux. Et le sourire de Michel et Domingo pour éclairer ce moment de collaboration artistique unique.


MERCI, est le seul mot qui me vient à l’esprit. On revient quand vous voulez chers amis chinonais. François, un talentueux guitariste, a promis d’apporter sa corde sensible la prochaine fois pour voir si elle s’accorderait à la mienne… Notre accordéoniste tout terrain est prêt à repartir sur les chapeaux de roue. Et nous vous tirons le nôtre, chers Michel & team (Jeff, Annie, Mélanie…) pour cette édition réalisée sans une subvention, mais avec de l’envie à revendre. Espérons que le geste que vous avez reproduit continuera à faire des petits… Et à l’année prochaine, donc, si vous nous faites l'honneur d'une nouvelle invitation.


lundi 12 septembre 2011

Plein air de guitare

Au début de l’été, le temps était gris, Marine me délaissait pour des projets d’écriture ou d’exposition à la noix (non, je ne suis pas jalouse), et je ressemblais à ça : 

En pleine dépression donc. Comme celle stagnant perpétuellement au dessus de mon ciel parisien. Je me consolais en rêvant à l’été dernier et à ses concerts à Barcelone, Berlin, Montréal, New-York…
Mais dès que je rouvrais la rosace, la réalité me frappait de plein fouet : j’étais bel et bien coincée à Barbès.

Je ne me plaignais pas, non, je me contentais de broyer du noir (dans ma housse de toute façon, je peux difficilement faire autrement).
Et puis le miracle s’est produit.

Marine était à Berlin, pour son projet Forever 24 heures. Ce dimanche, elle rejoignait des amis à Mauer Park au nord de la ville. Il faisait très chaud et les pelouses étaient bondées. Des groupes se faisaient entendre de tous côtés (chaque parc qui se respecte doit avoir son quota de jambés et de jongleurs de feu). Au dessus du brouhaha, des applaudissements, en masse. «C’est un karaoké géant» nous explique-t-on. Devant des gradins investis par 2000 personnes, des apprentis chanteurs se présentent à tour de rôle. «Pas cap d’y aller» dit-on à Marine. «Cap» (bien sur, tu l’as prise pour une chanteuse marshmallow ou quoi?). Et voici comment elle s’est retrouvée à hurler 4 non blondes comme une adolescente, oubliant dans son excitation que les paroles figuraient sur l’écran à ses pieds. Il y a donc eu des petits blancs, des petites blagues, mais finalement l’acclamation d’un public aussi indulgent que participatif. Cela donnait ça :


Ceci, fut le déclic qui lui donna envie de s’occuper de moi. ENFIN ! Mauer Park la ramenait à moi.

Philipp, qui nous avaient déjà programmées en décembre dernier ici a proposé d’improviser un concert pirate avec notre complice berlinois Luis Cozen, trois jours plus tard. Deux fois par mois, Philipp déniche des endroits atypiques pour y projeter des films et présenter un artiste. Le lieu étant tenu secret jusqu’à la veille, le rendez-vous semblait obscur (+52° 29' 38.36", +13° 22' 45.41"), et de fait, à une demi-heure du concert, Luis, Marine et Aude (leur invitée surprise) étaient les seuls présents au croisement de rue où tout le monde était censé se retrouver.

Allo Philipp… Il répond : «c’est simple : tu rentres dans le parc, tu longes à gauche, arrivé à des barrières de chantier, tu continues, à un moment tu verras une ouverture, des ordures, tu rentres et tu y es. J’arrive ». Dix minutes plus tard il débarque, la Volvo chargée jusqu’au plafond du matériel de projection et de son. Les amplis sont cachés sous des couvertures «au cas où on croiserait des flics». Je rave, presque…
Les mecs sont impressionnants, en trente minutes, ils installent un écran géant, branchent une sono à un groupe électrogène, des lampions, allument un feu de camp et hop, c’est parti pour la projection d’une série de cours-métrages de la Nouvelle Vague, intitulée Paris (une soirée so frenchie donc…). Une cinquantaine de personne rappliquent (les allemands prouvent leur suprématie en terme d’orientation).
L'originalité du lieu et la clarté du ciel faisaient oublier le froid qui titillait les peaux. Luis et Marine ont joué tour à tour, ensemble, puis cédé la place à Aude, la douce invitée à la voix feutrée. La poésie qui flottait dans l’air s’est posée sur mes cordes, faisant oublier les difficultés techniques qui pimentaient le jeu de scène. Luis, Aude et Marine ont du jouer au micro musical, tenant à tour de rôle le SM58 devant les lèvres de celui qui chantait puisque personne n’avait pensé à apporter de pied… Le résultat était assez aléatoire mais peu importait. Cette soirée avait quelque chose de spontané et rien ne pouvait la ternir.


Ils ont par exemple interprété cette nouvelle chanson de Luis Cozen en trio (et avec un petit bug de coordination micro…). 
On a improvisé une reprise de filles avec Aude Solievna.

                         
Et puis comme ce concert berlinois nous avait remises en forme, et bien de retour en France, on a filé à Saumur donner deux concerts fleuves (2x 2h30) en duo avec le virtuose guitariste Bruno Druart. En version accompagnée de danseurs professionnels, ça donnait ça :


Bref, je vois le bout du tunnel. Elle me touche à nouveau, me sort quotidiennement et me redonne ma dose de grattouillage en public. J’ai échappé de peu au Prozac. Merci Berlin. On remet ça dimanche prochain, Chinon rien.