lundi 12 septembre 2011

Plein air de guitare

Au début de l’été, le temps était gris, Marine me délaissait pour des projets d’écriture ou d’exposition à la noix (non, je ne suis pas jalouse), et je ressemblais à ça : 

En pleine dépression donc. Comme celle stagnant perpétuellement au dessus de mon ciel parisien. Je me consolais en rêvant à l’été dernier et à ses concerts à Barcelone, Berlin, Montréal, New-York…
Mais dès que je rouvrais la rosace, la réalité me frappait de plein fouet : j’étais bel et bien coincée à Barbès.

Je ne me plaignais pas, non, je me contentais de broyer du noir (dans ma housse de toute façon, je peux difficilement faire autrement).
Et puis le miracle s’est produit.

Marine était à Berlin, pour son projet Forever 24 heures. Ce dimanche, elle rejoignait des amis à Mauer Park au nord de la ville. Il faisait très chaud et les pelouses étaient bondées. Des groupes se faisaient entendre de tous côtés (chaque parc qui se respecte doit avoir son quota de jambés et de jongleurs de feu). Au dessus du brouhaha, des applaudissements, en masse. «C’est un karaoké géant» nous explique-t-on. Devant des gradins investis par 2000 personnes, des apprentis chanteurs se présentent à tour de rôle. «Pas cap d’y aller» dit-on à Marine. «Cap» (bien sur, tu l’as prise pour une chanteuse marshmallow ou quoi?). Et voici comment elle s’est retrouvée à hurler 4 non blondes comme une adolescente, oubliant dans son excitation que les paroles figuraient sur l’écran à ses pieds. Il y a donc eu des petits blancs, des petites blagues, mais finalement l’acclamation d’un public aussi indulgent que participatif. Cela donnait ça :


Ceci, fut le déclic qui lui donna envie de s’occuper de moi. ENFIN ! Mauer Park la ramenait à moi.

Philipp, qui nous avaient déjà programmées en décembre dernier ici a proposé d’improviser un concert pirate avec notre complice berlinois Luis Cozen, trois jours plus tard. Deux fois par mois, Philipp déniche des endroits atypiques pour y projeter des films et présenter un artiste. Le lieu étant tenu secret jusqu’à la veille, le rendez-vous semblait obscur (+52° 29' 38.36", +13° 22' 45.41"), et de fait, à une demi-heure du concert, Luis, Marine et Aude (leur invitée surprise) étaient les seuls présents au croisement de rue où tout le monde était censé se retrouver.

Allo Philipp… Il répond : «c’est simple : tu rentres dans le parc, tu longes à gauche, arrivé à des barrières de chantier, tu continues, à un moment tu verras une ouverture, des ordures, tu rentres et tu y es. J’arrive ». Dix minutes plus tard il débarque, la Volvo chargée jusqu’au plafond du matériel de projection et de son. Les amplis sont cachés sous des couvertures «au cas où on croiserait des flics». Je rave, presque…
Les mecs sont impressionnants, en trente minutes, ils installent un écran géant, branchent une sono à un groupe électrogène, des lampions, allument un feu de camp et hop, c’est parti pour la projection d’une série de cours-métrages de la Nouvelle Vague, intitulée Paris (une soirée so frenchie donc…). Une cinquantaine de personne rappliquent (les allemands prouvent leur suprématie en terme d’orientation).
L'originalité du lieu et la clarté du ciel faisaient oublier le froid qui titillait les peaux. Luis et Marine ont joué tour à tour, ensemble, puis cédé la place à Aude, la douce invitée à la voix feutrée. La poésie qui flottait dans l’air s’est posée sur mes cordes, faisant oublier les difficultés techniques qui pimentaient le jeu de scène. Luis, Aude et Marine ont du jouer au micro musical, tenant à tour de rôle le SM58 devant les lèvres de celui qui chantait puisque personne n’avait pensé à apporter de pied… Le résultat était assez aléatoire mais peu importait. Cette soirée avait quelque chose de spontané et rien ne pouvait la ternir.


Ils ont par exemple interprété cette nouvelle chanson de Luis Cozen en trio (et avec un petit bug de coordination micro…). 
On a improvisé une reprise de filles avec Aude Solievna.

                         
Et puis comme ce concert berlinois nous avait remises en forme, et bien de retour en France, on a filé à Saumur donner deux concerts fleuves (2x 2h30) en duo avec le virtuose guitariste Bruno Druart. En version accompagnée de danseurs professionnels, ça donnait ça :


Bref, je vois le bout du tunnel. Elle me touche à nouveau, me sort quotidiennement et me redonne ma dose de grattouillage en public. J’ai échappé de peu au Prozac. Merci Berlin. On remet ça dimanche prochain, Chinon rien. 

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