samedi 7 août 2010

Low cost-ing et bluff-ing

A Berlin, nous avions voyagé avec Air France. La classe nationale. Un vol à l’heure, une parfaite considération de ma personne («de ma chose» serait plus correct peut-être, mais, comme toute guitare qui se respecte, je suis un peu mégalo), Marine avait même pu changer notre date de retour sur le seul motif qu’elle était amoureuse (notion relative pour le cœur de ballon qui lui sert de moteur - cf. Forever 24h). ¨Preuve que notre compagnie cocorico en a un de cœur (ou une bonne politique de management de la relation client, au choix).

Ce matin, Marine m’a annoncé un départ avec une nouvelle compagnie au nom prometteur : Vueling. Je me voyais déjà choyée par des hôtesses bling bling, pleines de bon feeling, nous offrant du Riesling (la rime en english speaking n’est pas ma spécialité). En fait, c’était plutôt limiting, starving et… waiting.

Deux heures dans la salle d’embarquement. En ne sachant même pas si je pourrai monter à bord. Cette compagnie fait du racisme primaire avec les guitares. Marine avait eu beau prendre un excédent de bagages pour laisser ses (minis kilos) de fringues d’été en soute et me prendre avec elle, ils demandent que nous payions un «extra seat» (un siège supplémentaire) pour moi. Comme si j’allais commander un petit café et taper la discut’ avec les hôtesses, bien attacher ma ceinture avant le départ et écraser mon siège sur les genoux de mes voisins dès le signal éteint… Comme si je n’avais pas la taille de guêpe qui sied à une guitare de mon rang et que je ne pouvais pas tenir dans les compartiments.

Elle et moi nous concertons et décidons qu’il n’en est pas question. Quitte à payer plus, on aurait voyagé avec notre compagnie préférée, celle qui nous dessine des petits cœurs dans la mousse de café et me regarde comme si je détenais quelque formule magique entre mes cordes (tournure lyrique pour dire qu’elle me porte  autant d'attention qu'un chat à une salade verte).

Marine demande donc à voir un responsable pour lui expliquer que nous avons un concert in-ra-ta-ble – la plage de Barcelone étant une sorte de Bercy en plein air, vous l’aurez compris - et qu’elle m’a toujours prise en cabine avec elle. Le type comprend qu’elle ne va pas lâcher le morceau de bois comme ça et finit par abdiquer en disant que nous négocierons directement dans l’avion mais que devons nous préparer à ce que l’accès me soit refusé. Cause toujours, qu’on se dit en notre fort intérieur.

Madame. Ceinture. Panier. Bip bip. Votre bracelet... C’est bon allez-y.

On rentre en salle d’embarquement. Comme notre avion a changé d’avis et ne veut plus partir, nous devons en attendre un autre qui est encore en Espagne. Nous en profitons pour répéter pour le concert de ce soir (pas fort, on est bien élevées quand même). Le moment fatidique arrive finalement assez vite. Ni vues ni connues, nous entrons toutes les deux dans l’appareil. Tête haute, regard fier, tout est une question de confiance en soi… Sauf que l’hôtesse nous stoppe illico :
« - Avez-vous un extra seat pour votre guitare ?
- Euh… Non mais à l’enregistrement on m’a dit qu’exceptionnellement, je pourrai la prendre avec moi. Je n’étais pas au courant. Enfin, vous voulez qu’on les appelle pour qu’ils vous le confirment ?
- Ce n’est pas normal. La politique nous oblige à vous faire payer un supplément.
- Vous devriez vous mettre d’accord avec l’équipe au sol parce qu'ils m'ont dit qu'ils étaient d'accord.
- (soupir) bon... allez-y. Mais c’est vraiment exceptionnel. La prochaine fois, ça ne passera pas. »

Le bluff ou la guitare ? En tout cas, ça y est nous sommes à Barcelona et ça, ça me fait décoller de joie.

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